петак, 14. јун 2013.

AU COMTE COLONNA (Грофу Колони)



99.

 

AU COMTE COLONNA (Грофу Колони)

8. août 1877.

Monsieur le comte Colonna, consul de France

Scutari Cettigné, le 8. Août 1877.

 

Monsieur le comte,

Pendant le cours de négovitetions* infructueuses, qui ont eu lieu entre la Porte et le Monténégro, pour le rétablissement de la paix, je vous ai donné communication, à diverses reprises, pour votre information et celé de votre gouvernement, soit des pourparlers pour la fixation du lieu de réunion, soit des instructions primitivement données à mes délégués à Constantinople, soit de celles que je leur ai subsequemment envoyées, pour les autoriser à faire certaines concessions. Je suis convaincu qu'il doit avoir été rendu unanimement justice-à l'esprit de modération dont j'ai fait preuve constamment, et cependant on ne sais pas encore complètement jusqu'à quel point j'ai été dans la voie de la conciliation; car je n'ai pas pu faire connaître les ordres confidentiels donnés à mes représantants (pour entrer dans les vues des Puissances) pour leur permettre de céder éventuellement encore d'avantage sur les questions purement territoriales. Si nous avions rencontré chez nos adversaires des dispositions semblables, l'Europe aurait eu l'occasion de se convaincre par les faits de l'étendue et de la sincérité de mon bon vouloir.

Il y avait, néanmoins, deux points de toute importance sur lesquels il ne m'aurait jamais été possible de transiger: les conditions du rapatriement des Herzégovi-niens et la situation à faire à la tribu des Kutchi; sur ces deux questions, je suis assuré que votre Gouvernement ne pourra qu'approuver mes résolutions.

J'ai insisté dès origine sur ce qu'il ne m'était pas possible de renvoyer dans leurs foyers les quatre-vingt dix mille Herzégoviniens réfugiés sur notre territoire, sans m'être positivement assuré qu'ils trouveraient chez eux, non seulement la sûreté pour leurs personnes, mais les moyens indispensables de vivre. A nos instances à ce propos, je n'ai obtenu d'autre réponse qu'une promesse vague d'amnistie et la déclaration que, quant aux moyens de substance, les émigrés rentrants devraient s'en remettre à la générosité de la Sublime Porte. Or, je sais malheuresement trop bien ce que cela signifie. J'ai pourtant fait encore une tentative pour atteindre le même but d'humanité, tout en ménageant la susceptibilité de la Turquie; j'ai offert à celle-ci de me contenter des -arrangements qu'elle prendrait, à cet effet, vis à vis d'une ou deux Puissances en mon lieu et place; je n'ai pas même reçu de réponse à cette proposition. Le rapatriement des réfugiés; condition essentielle de tout-est donc devenu impossible.

Il était également (inadmissible que j'abandonnasse la tribu des Kutchi, que les Turcs, par leur violances, ont forcée à se soulever, même avant le commencement de la guerre, et qui s'est donnée à moi de son plein gré. Toute cette population, de près de cinq mille âmes, est déterminée à quitter son pays plutôt que de rentrer sous le joug. N'ayant pas dans mon petit état de territoire où je puisse les établir, je dais persister à exiger leur affranchissement. La Porte n'a jamais voulu entendre parler de céder sur ce point.

C'est sur le refus absolu de la Turque de m'accorder ces deux conditions le plus essentielles que j'ai dû renoncer à faire sur d'autres des concessions devenues inutiles et que j'ai rappelé mes délégués.

Voici dix jours que l'armistice a été dénoncé par le grand vizir et quoiqu'il n'y ait pas eu de rencontre jusqu'ici, les concentrations de troupes qui se font de toutes parts, annoncent clairement une attaque combinée et très prochaine. Le Monténégro, exposé seul et sans alliance aux coups de son puissant voisin, est prêt à défendre son existance par un effort désespéré, comme il l'a déjà fait nombre de fois. Dans cette lutte disproportionnée, il se repose avec confiance dans la résolution et le dévouement de ses fils; mais il espère aussi que l'Europe chrétienne, qud sait ce que sont nos ennemis, viendra, en cas de revers, sauver les femmes et les enfants que nous laissons derrière nous.

Je vous prie de vouloir bien, monsieur le comte, transmettre cette communication à votre Gouvernement, et je saisis cette occasion de vous renouveler l'assurance de ma haute considération.

* Négociations.

 

Le prince de Monténégro

Nicolas (m. p.)

 
                                        

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